Le conseil d’administration de la fondation I-SITE Université Lille Nord-Europe (ULNE) a voté ce mardi 31 mars un plan d’urgence contre le Covid-19. Deux millions d’euros sont dès à présent mis à la disposition des médecins et chercheurs qui travaillent à mieux diagnostiquer la maladie, mieux la comprendre et mieux la soigner.
« Plus que jamais, face à l’urgence sanitaire, la recherche doit continuer et l’ISITE ULNE, du fait de sa stratégie globale, a vocation à participer pleinement à la lutte contre le Covid-19. Pour tirer profit de toute les richesses de la recherche publique lilloise, nous avons pu identifier des marges financières et mobiliser une partie des fonds de l’I-SITE ULNE sur la recherche sur le COVID-19. » déclare Régis Bordet, Directeur Général de la fondation, vice-président stratégie de l’Université de Lille et lui-même médecin pharmacologue au CHU de Lille.
L’I-SITE ULNE porte au nom de ses fondateurs un projet d’Etablissement Public Expérimental (EPE), future grande université de Lille, qui a pris comme thème fédérateur la transition globale, au sens d’une approche globale de la complexité des processus de transition. A l’évidence, la période que nous traversons représente l’une des plus brutales transitions que l’on puisse imaginer, avec des conséquences dans tous les domaines de la société. Les forces en recherche à Lille, dans de nombreuses disciplines telles que la santé, l’ingénierie ou les sciences humaines et sociales, sont donc, d’ores et déjà, mobilisées pour affronter les immenses défis qui se présentent à nous. En cette période d’urgence sanitaire, c’est plus particulièrement le hub d’excellence « santé de précision » qui se consacre à apporter des réponses à la situation complexe que nous affrontons, puisqu’il faut à la fois prédire les différents types d’évolutions cliniques pour leur apporter une réponse pharmacologique et thérapeutique adaptée. En outre, grâce au reflexe de collaboration acquis à la faveur de la construction de l’établissement expérimental, les professionnels de santé ont su rapidement mettre en place les circuits nécessaires pour répondre, avec les autres disciplines comme l’ingénierie ou les sciences numériques, à des besoins technologiques urgents pour une prise en charge optimale des patients.
Le budget est mis à la disposition de la « task force recherche » lilloise mise sur pied autour de David Launay, Président du Comité de recherches en matière biomédicale et de santé publique (CRBSP) et à laquelle participe l’I-SITE lillois. La task-force a pour mission de répartir le plus efficacement possible ce budget entre les propositions qui lui seront soumises par les chercheurs et les médecins, selon le cahier des charges fixé par le conseil d’administration de l’I-SITE, en lien avec sa stratégie.
Les travaux soutenus devront être développés suivant trois axes et devant porter sur des recherches originales, qui ne sont pas déjà conduites dans d’autres cadres pour éviter les redondances et s’assurer de leur articulation avec les coordinations nationales et européennes de lutte contre le Covid-19.
- Le premier axe concerne la physiopathologie et la compréhension des mécanismes associés à la sévérité à court terme de la pathologie : les médecins ont besoin de mieux comprendre ces phénomènes pour appliquer des traitements disponibles ou expérimentaux. Il s’agit d’appliquer les principes de la médecine de précision à la compréhension de ces phénomènes physiopathologiques qui sont pour beaucoup inattendus.
- Le deuxième axe porte sur le diagnostic. Il sera essentiel de comprendre l’articulation entre séroconversion et pathologie, et les mécanismes de transmission. Il s’agira d’appuyer les travaux de recherche pour préparer des outils de diagnostic de précision et préparer la période de sortie du confinement.
- Le troisième axe est un axe pharmacologique et thérapeutique avec le test in vitro de molécules candidates, notamment sur la base d’une chimiothéque construite à Lille de longue date, mais aussi la mise en place d’essais thérapeutiques originaux, menés avec une méthodologie rigoureuse, et complémentaires des essais en cours par exemple portant sur les patients qui n’ont pas encore développé les symptômes les plus graves mais qui appartiennent aux populations à risques : les patients diabétiques, obèses, hypertendus, âgés ou qui présentent des déficits immunitaires.
Si aujourd’hui l’enjeu est d’accompagner des travaux de recherche avec un impact médical de court terme, des projets de plus long terme mériteront secondairement d’être soutenus, notamment sur les conséquences sociales et humaines de la pandémie, tant elle va accélérer la réflexion sur les transitions auxquelles nous sommes confrontées depuis plusieurs années. Là encore, l’I-SITE jouera pleinement son rôle, en lien avec les appels à projets nationaux et internationaux, afin de développer l’excellence et la différenciation du site lillois.